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Admiral T
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Aïssatou Baldé |
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Les Antilles et la Guyane ont toujours été un réel vivier pour le ragga francophone, et ce bien avant que Sean Paul n’introduise ce genre musical dans les milieux hype parisiens. A l’époque, le ragga antillais est très peu connu en France métropolitaine, mais des groupes tels que Raggasonic se chargent néanmoins de véhiculer un ragga authentique aux francophones qui ont découvert ce genre musical avec les Pattra et autre Barington Levy. Quelques années plus tard, Admiral T vole la vedette à Sean Paul en personne lors de la première partie de son concert parisien, et attire ainsi l’attention de l’industrie du disque sur tous ces talents que nos West Indies n’ont cessé de produire.
Rencontre avec cet artiste hors pair qui a commencé son bonhomme de chemin dans les grandes eaux du monde de la musique et qui semble nager à la perfection. |
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C’est un intervieweur déjà conquis qui avait rendez-vous avec AdmiralT pendant la répétition de son concert parisien dans un studio du dixième arrondissement. Je l’avais découvert courant 2003 lors de la sortie de son album « Mozaïk Kréyol ». Une amie guadeloupéenne me dit : « AdmiralT est un des meilleurs toasters ragga au monde » avec un petit sourire narquois et dubitatif je la laisse introduire le CD dans la platine, et je réceptionne le titre « Rèv An Mwen » le souffle coupé.
Non seulement sa maîtrise du créole fait admirablement passer une sensibilité authentique, mais en plus il est aidé par une composition musicale merveilleuse qui nous entraîne tout droit dans les rythmes de percussion de notre vie africaine. Après avoir écouté 4 fois le titre, j’explore les autres pistes avec un sourire béat qui aurait conforté chaque guadeloupéen dans sa fierté sans borne pour l’artiste (NDLR: l'auteur de la chronique est d'origine haïtienne). |
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Admiral T en concert
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ovibes.net |
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Un an plus tard, je suis en route pour un rendez-vous avec le fameux toasteur antillais. J’ai plusieurs questions en poche, quelques réponses en tête, et beaucoup d’impatience. Je vois passer sa silhouette dans un couloir, je lui emboîte le pas, et je me présente.
L’interview commence très rapidement, et je commence peu à peu à me faire une idée précise de la personnalité qui se confie sur « Mosaïk Kréyol ». Beaucoup de simplicité.
En effet, aussi intimidé que je pouvais être en m’asseyant face à lui pour commencer l’entretien, je suis très vite mis à l’aise. En parcourant différentes interviews que j’ai pu trouver de lui, je me suis rendu compte que AdmiralT s’exprimait beaucoup en créole, est-ce une revendication ? Pas vraiment, il tient à promouvoir ce créole qui symbolise ses racines, mais quand il prend la parole en créole, il est uniquement guidé par son identité bilingue. |
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Admiral T en séance de dédicace
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ovibes.net |
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C’est naturel me répète t-il, parler créole n’est pas revendicatif. Il passe du français au créole, et se reconnaît dans les deux… en effet, quelques chansons très puissantes sentimentalement parlant sur son album sont en français, et elles gardent autant de force.
Il ne veut pas avoir à faire taire sa part créole, l’heure est revenue pour les artistes antillais comme Kassav' à l’époque de pouvoir s’exprimer et faire vibrer les foules dans leur langue comme le font très bien les artistes américains ou jamaïcains.
Je lui ai fait la remarque que plusieurs chansons de son album avaient des sujets très tristes malgré leurs rythmes entraînants. En effet, « Préjugés » traite de l’incompréhension qu’il peut y avoir entre la jeunesse antillaise et les adultes. Il montre dans cette chanson la crise existentielle qui peut être causée par cet état d’isolement dans lequel se trouve un jeune incompris. Les jeunes ont besoins du soutien des générations précédentes pour s’épanouir.
« Débrouya » traite de la misère dans son coté le plus triste. En effet, la misère n’est pas abordée ici dans le sens habituel de la misère qui mène au crime : c’est la misère subie par la personne qui se bat pour subvenir à ses besoins honnêtement et nourrir sa famille sous le regard moqueur de ceux qui ne connaissent pas cette situation. |
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Admiral T et notre journaliste
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Aïssatou Baldé |
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Il y a également « Rèv An Moin », une chanson qui décrit les Antilles comme un lieu idyllique, où chacun vit paisiblement sous les doux rayons de soleil des caraïbes. En nous rappelant à chaque refrain que cette vision n’est qu’un rêve, AdmiralT nous réunit tous dans cette chanson où nous reconnaissons les paradis terrestres d’où nous venons de l’Afrique aux Antilles, gâchés par des problèmes chaque jour un peu plus amplifiés.
AdmiralT me répond, ces chansons sont tristes, mais sont tout simplement à l’image de la réalité dans laquelle il a évolué.
L’inspiration lui dicte ses textes, et cela touche par l’authenticité du chanteur et du message.
Le message passe t-il ? AdmiralT croît que oui… en effet, même si la réaction première est de danser sans écouter, l’écoute arrive tôt ou tard. Par exemple pour la chanson « Gwadada » devenue une véritable hymne des jeunes guadeloupéens, il a été souvent surpris de la réaction de fierté des gens à ce texte qui est pourtant une description sans compromis de la dure réalité guadeloupéenne, ce qui l’a poussé à prendre le micro lors d’une prestation en boîte de nuit afin de s’expliquer par rapport à ce titre et calmer un peu les enthousiastes.
Son message est là, et la critique passe bien car elle est un simple constat d’une situation existante. |
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Admiral T à Skyrock
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ovibes.net |
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AdmiralT est de quelle religion ? Je me posais cette question, car j’avais senti énormément de foi sur cet album, étant donné qu’il va jusqu’à consacrer une chanson entière à Dieu (« Everytime »). AdmiralT me donne une réponse que je ne pouvais qu’apprécier : il croit en Dieu, mais sans se revendiquer d’une religion en particulier, car il croît que c’est le fait de mettre un nom sur le Tout Puissant qui a poussé les hommes à s’affronter en son nom. Issus d’une famille catholique, il estime qu’aller dans une église n’est nullement nécessaire à une communication avec son Créateur.
Je termine l’interview par une question indiscrète sur la chanson « Sucre d’Orge » qui est une véritable déclaration d’amour de 3 minutes 36, étonnante confession dans l’univers macho du monde du ragga qui ne nous a pas habitués à l’éloge des relation amoureuses longues et passionnelles. AdmiralT confirme, il est aussi amoureux qu’il le toaste dans « Sucre d’Orge », l’inspiration lui a dicté cette chanson, qu’il assume pleinement, car il estime très positif d’avoir la franchise de montrer à ses fans qu’un amour sincère a sa place dans la vie d’un toasteur respecté. |
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